stephane2002 said:
Parfaitement d'accord. Tu vois c'est aux individus de travailler sur eux-mêmes pour accepter/comprendre/améliorer leur sort, et non à l'environnement (la société, l'état, les autres) de résoudre l'impossible équation de mettre chacun en état de béatitude et faisant ce qui est bon pour lui. D'ailleurs, l'état il ne sait pas ce qui est bon pour moi.
Je n'ai rien suggéré encore qui aille dans ce sens, ma perspective étant pour l'instant de proposer des modèles de représentation qui nous renseignent sur la réalité. Mais puisque tu abordes le sujet, je dirais que les termes de la logique que tu exprimes sont essentiellement corrects mais néanmoins peu représentatifs de la condition humaine. Ce que tu exprimes, en fait, est un vieux rêve, sans doute aussi une sensibilité individualiste. Le rêve est celui qui veut que tous et chacun débute sa vie à chances égales et qu'il est libre de ses choix, c'est le credo du rêve américain. Le cauchemar est que les termes exprimant ce rêve revêtent des significations doubles. "Égal", dans l'expression du rêve américain, n'a pas cette signification utopique de répartition égalitaire des ressources, laquelle requiert à la fois un sens fort de l'esprit communautaire et une discipline sociale qui ne soit pas résolument axée sur la discipline du marché, non. Égal signifie plutôt "laissé pour compte, le monde est-là, à toi d'aller le chercher." Je pense soudainement au film The Pursuit of Happyness, une belle histoire sans doute, très centrée sur un homme et son fils remontant la pente à force de volonté après avoir touché le fond du baril: le rêve américain sur nos écrans. je me souviens des scènes de files d'attentes de sans-abris pour rentrer au dortoir mais, chaque fois que je la voyais, j'avais envie de demander au directeur, un italien (il n'y a pas plus émerveillé qu'un européen devant la beauté du rêve américain (ironie)), ce qu'il en était selon lui de ces sans-abris qui attendaient en ligne (bonne idée! Je vais lui écrire et vous résumer sa réponse s'il me revient). La caméra suivait le personnage que Will Smith incarnait (un génie, qui avant tout le monde, avait résolu le cube Rubick) mais n'a jamais entrepris de suivre les autre sans-abris, moins talentueux, moins intelligents, sans doute plus découragés. Ceux-là, qu'on n'a pas montré dans le film, ne s'en sont pas sortis - voilà la réalité du rêve américain, celle qu'on ne montre jamais.
"Libre", un autre mot à signification double, la liberté du rêve américain se référant principalement au principe de libre entreprise. Libre au fond d'être égoiste, individualiste, une liberté qu'on ne voudrait jamais voir entravée par la répression du groupe. Et la liberté du groupe dans tout ça? L'individu n'est-il pas libre, lui-aussi, de retrouver ses pairs, de former des regroupements, des communautés, de stimuler en chacun l'esprit de communauté et de prendre position, en tant que regroupement, d'essayer de mettre un frein à l'individualisme possessif qui cherche à s'accaparer de tout, au détriment des autres? N'est pas cet esprit communautaire qui fut à l'origine de l'État, cet état que le pouvoir de l'argent souhaite toujours voir réduire la taille et la portés, toujours au nom de la liberté?
p.s. J'exagère? Je suis encore très en deça de la réalité.